Josiane TANTCHOU

Construire des hôpitaux (du jour) pour le bien-être : explorations auprès de patients et soignants en France

par auteur par Josiane TANTCHOU
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L’architecture, la géographie, l’anthropologie culturelle et la philosophie nous apprennent que les bâtiments façonnent nos émotions et nos humeurs (Alain de Botton 2009; Hall and Hall 1975; Labbé 2017). En même temps qu’ils produisent une impression visuelle, inconsciemment ou délibérément, ils nous disent quelque chose et modifient, même à des degrés minimes nos réactions organiques (Mumford 2015). Ainsi, un environnement architectural harmonieux peut être une source d’illumination quotidienne (Labbé 2017) ou être pathologisant (Labbé 2019). En effet, l’homme réagit à une architecture inadéquate par des névroses (Mitscherlich 1970). Les travaux sur les banlieues, les « grands-ensembles » (Brachmann and Le Guennec 1996; Donzelot 2012; Lapeyronnie 2008), l’illustrent assez bien. Le « grand ensemble », c’est la maladie ! Les femmes dépriment, le grand ensemble rend fou ! écrivaient Brachmann et Le Guennec (1996 : 177 ; 317).

Ces analyses peuvent être élargies à l’hôpital. En effet, cette capacité d’agir des bâtiments est de plus en plus mobilisée pour repenser les espaces de soins pour parvenir à une médecine centrée sur le patient. On la voit mobilisé dans les travaux sur la prise en charge des pathologies psychiatriques, une des principales causes d’invalidité dans le monde (Connellan, et al. 2013; Daykin, et al. 2008; Duff 2012; Kirmayer and Pedersen 2014; La Torre 2006; Tyson, et al. 2002) ou les maladies non transmissibles comme les cancers (voir les Maggies centers par exemple). Elle est aussi évoquée pour penser le bien-être dans les établissements accueillant les personnes âgées (Edvardsson 2008), avec la durabilité environnementale comme enjeu (Guenther and Vittori 2013; Kellert and Heerwagen 2013).

C’est en m’inspirant de ces travaux que j’ai souhaité mené une étude exploratoire dans deux hôpitaux du jour prenant en charge des patients souffrant de désordre psychiatres en France. J’ai souhaité répondre à la question suivante : comment pouvons-nous utiliser les sciences sociales, l’architecture, l’ingénierie et les connaissances biomédicales pour construire des hôpitaux durables qui généreront du bien-être et inciteront à prise en compte du patient dans sa globalité ? Parmi les hypothèses, la suivante : bien que, par le passé, les hôpitaux aient été conçus comme des appareils disciplinaires énergivores, les connaissances actuelles indiquent qu’ils peuvent être conçus comme des environnements thérapeutiques (Gesler, Bell et al. 2004), des technologies pour la durabilité énergétique et une médecine centrée sur le patient (Bromley, 2012). Si nous changeons la manière de concevoir et construire les hôpitaux, nous pouvons générer le bien-être, la durabilité énergétique et une prise en compte du patient dans sa globalité.

L’étude en cours est qualitative, impliquant observations, entretiens approfondis avec les patients et les soignants, ainsi que photo voice. Mon intervention présentera les premiers résultats de cette étude dont la phase de terrain s’est achevée au mois de juin 2021.

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Date et heure

20-10-2021 / 11:05 à
20-10-2021 / 11:25
 

Types de Sessions

 

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