Dans la continuité de l’intervention présentée en 2020, qui était consacrée à la question complexe de la distance (à la fois géographique et symbolique) du lieu de l’hôpital et qui s’appuyait sur deux projets en cours d’études (Hôtel-Dieu de Paris et futur hôpital du Plateau de Saclay), l’agence SCAU propose cette fois de poursuivre et d’approfondir cette lecture par une analyse historique, tirée d’un travail de préparation d’une exposition sur le soin et la ville (prévue en 2022 au Pavillon de l’Arsenal à Paris, co-commissariat SCAU & Cynthia Fleury).
A partir d’une analyse de l’évolution du territoire francilien, et en s’appuyant sur l’histoire trouble de quelques lieux de « soin » (ou de non-soin ?) particulièrement instructifs – Hôtel-Dieu, Île aux Cygnes, Hôpital Saint Maurice, Plaine de Pierrelaye, … –, on voudra montrer comment la ville a progressivement mis en place une logique territoriale et architecturale de mise à distance d’un certain nombre de fonctions et de populations qu’elle ne souhaitait pas voir dans le champ de la cité ; l’hôpital, dans cette histoire, a un destin bien semblable à celui de la prison, de la déchetterie, ou encore des abattoirs ; et le malade, comme le soignant, sont exclus du commun et relégués dans le monde de l’invisible.
Comprendre les rouages de cette histoire longue et ambivalente permet de mieux appréhender la complexité de la situation actuelle. Surtout, cela doit nous permettre d’être mieux armés pour critiquer ce paradigme historique de la distance, et pour proposer des nouvelles formes d’inclusion et de visibilité de l‘acte du soin dans la cité.