Projet architectural en psychiatrie et santé mentale
Quelle place pour les représentants de la communauté médicale au sein des équipes projets ?
Dans toute conduite de projet, la recherche d’efficience nécessite de mettre en perspective plusieurs enjeux. L’un des enjeux porte sur la capacité du porteur de projet à concilier les attentes des différents acteurs impliqués dans une logique d’expression de besoins différenciés et de pouvoirs différents. La réussite d’un projet implique donc de réussir à faire converger des logiques diversifiées tout en préservant l’identité et l’apport des différents acteurs participants dans une dimension adaptative du contexte et une maitrise du rythme de projet.
Lors de la conduite d’un projet architectural en psychiatrie, que ce soit en construction neuve ou en réhabilitation, la composition de l’équipe projet interne (maitrise d’ouvrage) à l’établissement comme la définition claire du rôle de chacun sont deux étapes indispensables à la réussite du projet.
En effet, l’équipe projet interne, généralement composée de 3 à 5 personnes coordonne et pilote l’ensemble des étapes et aspects du projet en lien étroit avec le maître d’œuvre (architecte) et la direction : programme, fonctionnalité, enveloppe, technique, communication, relations avec les partenaires…
A l’hôpital, cette équipe « projet interne » nous semble devoir être préférentiellement tricéphale : un médecin, un cadre soignant et un chargé d’opération technique coordonnateur du projet. La compétence métier de chacun des acteurs désignés particulièrement celle du médecin donne sens au projet tout comme la nécessaire stabilité de leur implication (élément parfois antagoniste avec le turn over naturel de l’institution hospitalière). L’évolution de la psychiatrie s’est engagée depuis plus de trente ans dans la voie de la désinstitutionnalisation qui se traduit aujourd’hui par le développement prégnant d’une offre ambulatoire à près de 80%. Tout projet de construction de qualité devra intégrer une double dimension : une architecture évolutive et adaptative. Préalable indispensable à la réussite du projet, une relation de confiance et de dialogue doit s’installer afin de pérenniser un partenariat psychiatres-architectes-ingénieurs-programmistes.
Dès lors, quel sont les fondamentaux de ce partenariat ? Comment s’assurer que les différents acteurs puissent disposer de temps de questionnement, de consultation, de réflexion nécessaires et suffisants, préalables impératifs pour assurer la programmation, l’élaboration, la réalisation puis la mise en service d’un ouvrage psychiatrique fonctionnel ? Comment contribuer à garantir un projet architectural répondant aux besoins d’évolution des modes de prise en charge psychiatriques dans un souci permanent de résilience pour un hôpital durable, évolutif, agile, modulaire et réversible ?
La restructuration des établissements autorisés pour l’activité de psychiatrie, déjà bien engagée, doit améliorer la mise en réseau des acteurs et la coordination des parcours de santé dans le cadre des Projets Territoriaux de Santé Mentale. Les acteurs de la construction (programmistes et architectes) doivent apporter aux maîtres d’ouvrage des innovations cocniliant les impératifs de fonctionnalité, d’agilité et d’efficience économique. Donnons un sens au projet architectural : apporter aux professionnels comme aux usagers un environnement bienveillant, favorisant le bien-être en remettant l’humain au cœur de leur projet.