Une architecture au service d’un modèle de soin innovant en psychiatrie médico-légale

Le centre Hospitalier Jean Titeca est un hôpital psychiatrique de 243 lits accueillant principalement des personnes sous mesure médico-légale.

A la faveur d’un projet de reconstruction, les équipes de direction et de terrain ont entamé un processus de réflexion sur leurs missions et leur vision. Nous avons baptisé ce projet « Apertio » dont la philosophie de soin est axée sur le rétablissement et les principes du Care.

Elément central du projet, l’architecture fut l’objet d’un dialogue constant entre soignants et architectes. Ce fut pour les premiers l’occasion d’exposer leurs ambitions et pour les seconds de concrétiser les attentes d’un secteur de la santé qui vise une amélioration clinique mais surtout l’autonomie des personnes soignées. C’est cette ambition globale qui focalisa une grande partie des discussions. 

L’autonomie passe par un (ré)apprentissage du fonctionnement quotidien. La personne soignée doit ainsi s’orienter dans un espace qui ne peut être fait de longs couloirs. Ce principe d’une déambulation structurée a suscité diverses solutions de la part des architectes. L’espace devient ainsi un outil thérapeutique, source de prise de décision et des rencontres entre soignants et personnes soignées.

Nous avons aussi voulu aborder l’exigence de sécurité différemment. La violence est la conséquence de facteurs liés certes au patient, mais aussi à l’environnement et aux incompréhensions dans la communication. Nommer les lieux, disposer d’un mobilier « comme à la maison », éviter les caméras trop visibles et provoquer les rencontres qui apaisent les tensions ont défini la distribution des espaces.

Enfin, l’architecture concrétise la progressivité de l’hospitalisation. L’hôpital psychiatrique exerce une fonction résidentielle de crise. C’est donc un lieu de vie où la personne soignée se mobilise afin de préparer son retour dans la communauté. L’unité de soins doit donc démontrer sa porosité vers les espaces d’activité puis vers la cité. C’est ainsi que la personne soignée (re)prendra sa place de citoyen.